Les ministres de la Défense russe et britannique se rencontreront au sujet de l’Ukraine | Monde

LONDRES, 23 janvier (Reuters) – Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a accepté une invitation à rencontrer son homologue britannique Ben Wallace au sujet de la crise ukrainienne, a déclaré hier une source britannique de la défense, alors que les craintes d’une invasion imminente grandissent.

“Le secrétaire à la Défense est heureux que la Russie ait accepté l’invitation à s’entretenir avec son homologue”, a déclaré la source.

“Étant donné que le dernier bilatéral de défense entre nos deux pays a eu lieu à Londres en 2013, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a proposé de se rencontrer à Moscou à la place”, a ajouté la source.

“Le secrétaire d’État a été clair sur le fait qu’il explorera toutes les voies pour parvenir à la stabilité et à une résolution de la crise ukrainienne.”

Le chef de la marine allemande a quant à lui démissionné à la suite d’une protestation officielle de Kiev suite à des commentaires qu’il avait faits sur la crise ukrainienne, qui ont été rapidement désavoués par Berlin.

Des dizaines de milliers de soldats russes ainsi qu’un arsenal de chars, de véhicules de combat, d’artillerie et de missiles sont massés à la frontière ukrainienne. La Russie a nié son intention d’envahir, mais la Maison Blanche pense qu’une attaque pourrait désormais survenir “à tout moment”.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a déconseillé hier tout voyage dans deux territoires séparatistes pro-Moscou, Donetsk et Lougansk, ainsi qu’en Crimée, que la Russie a annexée en 2014.

Il a également déconseillé tout voyage sauf essentiel dans le reste de l’Ukraine et a recommandé aux ressortissants britanniques d’enregistrer leur présence dans le pays.

Un porte-parole du département d’État américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré hier qu’il n’avait pas l’intention d’évacuer les citoyens américains d’Ukraine, ajoutant que des vols commerciaux étaient actuellement disponibles.

‘Bourbier’

Peu d’experts militaires pensent que les petites forces de Kiev – bien que se modernisant rapidement – pourraient repousser une invasion russe pure et simple.

Mais la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a averti vendredi que Moscou risquait toujours d’être entraînée dans un “terrible bourbier” si elle envahissait.

Dans un discours prononcé en Australie, le chef de la diplomatie britannique a adressé un avertissement brutal et personnel au président russe Vladimir Poutine, affirmant qu’il était sur le point de commettre une erreur stratégique majeure.

Il “n’a pas appris les leçons de l’histoire”, a déclaré Truss au Lowy Institute de Sydney.

“Les Ukrainiens vont lutter contre cela, cela pourrait être un bourbier”, a-t-elle déclaré.

La Russie a fait pression sur l’Ukraine depuis qu’un soulèvement il y a près d’une décennie a renversé un gouvernement qui avait résisté aux appels à se rapprocher de l’Occident.

Moscou s’est emparé de la péninsule de Crimée en 2014 lorsqu’une insurrection pro-russe a éclaté dans l’est de l’Ukraine qui a depuis fait plus de 13 000 morts.

Les appels de l’Ukraine aux alliés occidentaux pour renforcer ses capacités de défense ont vu les États-Unis, la Grande-Bretagne et les États baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie accepter d’envoyer des armes à Kiev, notamment des missiles antichars et antiaériens.

Moscou insiste sur le fait qu’il n’a pas l’intention d’envahir l’Ukraine, mais a en même temps posé une série d’exigences de sécurité – y compris une interdiction pour l’Ukraine de rejoindre l’OTAN – en échange d’une désescalade.

L’Ukraine « déçue » par l’Allemagne

Kay-Achim Schoenbach, le chef de la marine allemande, a annoncé sa démission hier, après une tempête diplomatique sur les commentaires qu’il a faits lors d’une réunion de groupe de réflexion à New Delhi vendredi.

Dans une séquence vidéo de la réunion, Schoenbach a déclaré que l’idée que la Russie voulait envahir l’Ukraine était “un non-sens”, ajoutant que ce que Poutine voulait était “d’être respecté” et méritait probablement le respect.

Il a également déclaré que la péninsule de Crimée, que la Russie a annexée à l’Ukraine en 2014, avait disparu et ne reviendrait pas à l’Ukraine.

Après avoir reconnu son erreur sur Twitter hier, il a publié quelques heures plus tard une déclaration indiquant qu’il avait présenté sa démission “pour éviter que davantage de dommages ne soient causés à la marine allemande et surtout à la République fédérale d’Allemagne”.

Un porte-parole du ministère allemand a déclaré à l’AFP que le vice-amiral quitterait son poste “avec effet immédiat”.

Plus tôt hier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur d’Allemagne à Kiev pour protester contre « l’inacceptabilité catégorique » des propos de Schoenbach.

Par ailleurs, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a condamné l’Allemagne pour son refus de fournir des armes à Kiev, exhortant Berlin à cesser de “saper l’unité” et “d’encourager Vladimir Poutine”.

Kuleba a déclaré sur Twitter que les déclarations de l’Allemagne « sur l’impossibilité de fournir des armes de défense à l’Ukraine » ne correspondaient pas « à la situation sécuritaire actuelle ».

Le ministre ukrainien a souligné qu’« aujourd’hui, l’unité de l’Occident par rapport à la Russie est plus importante que jamais ».

L’Ukraine est « reconnaissante » à l’Allemagne pour le soutien qu’elle a déjà apporté, mais ses « déclarations actuelles sont décevantes », a-t-il ajouté.

Hier également, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré que Berlin enverrait un hôpital de campagne en Ukraine, mais a une fois de plus rejeté les appels d’armes de Kiev. — AFP